Les 7 lois de Noé ou la Charte des Nations
Inscription gravée sur la façade de l'ONU
"Les Nations forgeront des socs de charrue de leurs glaives et des serpettes de leurs lances ;
un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et on n’apprendra plus l’art des combats", Isaïe [II-4]
Un certain nombre de précisions paraissent nécessaires avant d’aborder le sens de ces commandements. Tout d’abord le fait que six de ces lois étaient déjà connues et tenues pour impératives par l’humanité depuis la création de l’homme, Adam. Le Créateur y ajouta une 7ème loi, l’ordonnant à Noé, qui reconstituait l’humanité avec ses trois fils, Chem, Ham et Japhète, après le Déluge. Ces lois étaient également en vigueur chez les Hébreux jusqu’au moment du Don de la Torah au mont Sinaï. Sur le fond, il est impératif que les citoyens des Nations acceptent les 7 lois comme “ayant été ordonnées par le Créateur au mont Sinaï et enseignées en tant que commandements adressés aux enfants de Noé”. Si cette condition qui ne comporte aucun compromis fait défaut, et qu’on les accomplit comme une évidence dictée par la raison humaine, on ne peut être considéré comme appliquant ces lois et Juste parmi les nations. Ces lois sont exposées par Maïmonide dans les chapitres 9 et 10 du livre des Lois des Rois. Un résumé en est présenté ci-dessous, cependant, ces lois nécessitent des commentaires dits de déductions et de ramifications.
1. La foi en un D.ieu unique
L'interdiction de l’idolâtrie, des cultes païens - la foi en un D-ieu unique. Tout individu se doit de croire en un unique Créateur de l'univers. En celui qui créa le monde et les humains, qui connaît les actes et les pensées des créatures, exerce sa providence à leur égard et juge les humains en fonction de leurs actes. C'est le D-ieu unique, c'est lui qu'il convient de servir et c'est à lui qu'il convient d'adresser ses prières. L'application concrète de cette injonction est l'interdiction formelle de se livrer au culte d'une quelconque divinité. Cette interdiction exclut toute possibilité de croire en un autre créateur de l'univers.
2. Le respect dû à D.ieu
Les humains ont le devoir de révérer le Créateur qui leur a donné la vie. Cela implique l'interdiction de prononcer tout blasphème à son intention ainsi que toute désignation déplacée à son égard. Le sens de cette interdiction est d'inciter toute l'humanité à respecter son Créateur et à adopter un comportement de maîtrise et de domination sur son langage dans ses rapports avec Lui. Le respect de D-ieu dans le langage a aussi pour conséquence d'amener l'être humain à louer son Créateur et à lui adresser des prières, lesquelles améliorent toujours la nature de l'homme.
3. Le respect de la vie humaine
Les humains ont été faits à l'image de leur Créateur. Leur vie est un don du Très-haut et nul n'a le droit de la retirer. Il convient de s'attacher à la perpétuation de l'espèce humaine, que D-ieu a investi des moyens d'habiter la terre et de l'aménager. Cela implique concrètement l'interdiction formelle de tuer qui que ce soit, y compris l'embryon dans le ventre de sa mère. Le meurtre d'une seule personne équivaut au meurtre de l'humanité entière et constitue une atteinte au Créateur, à l'image duquel les humains ont été faits. Cette interdiction concerne également l'avortement - sauf dans le cas où la vie de la mère serait en danger - et l'euthanasie, même lorsque le malade est atteint de souffrances insupportables. L'homme ne dispose d'aucun droit de décision quant à la durée de vie d'autrui. Le droit de vie repose exclusivement entre les mains du Créateur.
4. Le respect de la propriété d’autrui
A chacun sont accordés par D-ieu certains biens et certaines richesses et nul n'a le droit de l'en déposséder. L'application concrète de ce principe est l'interdiction formelle du vol, de quelque manière qu'il s'exerce, et de toute forme d'appropriation du bien d'autrui, qu'elle s'effectue par la ruse ou par la force ou de quelque autre façon illégale. Cette interdiction recouvre le refus d'un dû ou d'un salaire et l'enlèvement d'une personne humaine. Le respect de la propriété d'autrui inspire aux humains des actes de charité et de bonté ainsi que le désir de venir en aide à leurs semblables.
5. Le respect de l’intégralité familiale
Le Créateur façonna initialement l'homme et la femme en une seule entité pour épanouir par la suite deux existences complémentaires, destinées à atteindre conjointement leur plénitude. La vie maritale et les règles qui la régissent constituent le fondement de la perpétuation de l'espèce humaine ainsi que de l'intégrité familiale et sociale. Cette intégrité se caractérise par le maintien de valeurs de décence et de pudeur au sein de la vie du foyer. L'application concrète de ce principe est l'interdiction de toute union incestueuse ou immorale et contre nature.
6. L'institution d’une justice équitable
Afin que tous les principes exprimés ici puissent prévaloir, il convient que les différentes structures humaines de la société se dotent de tribunaux dont les juges sont investis du devoir de faire respecter ces principes. Quiconque connaît un litige doit recourir à ces juges et se conformer à leurs décisions. Ne pas exercer la justice, c'est encourager l'iniquité et la violence. Ce principe fait passer les idéaux de notre vie personnelle au niveau de l'organisation sociale. Il est la garantie de toutes les lois précédentes.
7. Le respect des animaux
Le devoir nous est fait de respecter toutes les créatures vivantes dont D-ieu a peuplé le monde. Tout en n'interdisant pas de consommer de la viande animale, la Bible fixe des limites précises quant à l'usage que l'homme peut faire des animaux afin de pourvoir à ses besoins. L'application concrète de cette règle est l'interdiction de la consommation d'un animal (ou de l'amputation de l'un de ses membres et de sa consommation) lorsqu'il est encore en vie. Cette proscription est un décret de la Bible, imposé à Noé et à ses descendants après le Déluge : "Tout ce qui se meut, tout ce qui vit servira à votre nourriture ...toutefois, aucune créature, tant que son sang maintient sa vie, vous n'en mangerez" (Genèse 9-4). Cette interdiction nous invite à ne pas demeurer indifférent à la souffrance des animaux, contribue à affermir notre sensibilité aux souffrances de nos semblables, nous retient de leur porter atteinte et nous incite à soulager leur détresse.
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