« Le Dieu d’Israël n’est pas un Dieu national,
mais le Dieu de tous les hommes »
La rédaction a pour ambition de porter à la connaissance du public les valeurs universelles relatives aux 7 lois de l’Humanité. Cependant, il serait insuffisant de traiter uniquement du bien-fondé qui découle de ces lois organiques, sans que ne soit abordée la dimension divine et universelle. De plus, il est essentiel de clarifier que l’adhésion à ces lois ne peut-être présentée exclusivement comme l’aboutissement d’un équilibre mondial, définitif et parfait, voir, conforme à une modalité convenable dans laquelle l’humanité pourrait se satisfaire. C’est pourquoi, il convient de stipuler que le dessein divin qui aspire à ce que tous les peuples se rapprochent et adhèrent aux 7 lois de leurs propres volontés, n’est que la mise en place des conditions adéquates à l’instauration du règne du Messie.
Il est enseigné à propos des mots contenus dans le verset biblique : « Ils ont campé dans le désert…. » - s’agissant du peuple d’Israël au moment de la Révélation sinaïtique et du don de la Torah, que la Loi fut donnée précisément dans un endroit inhabité et délaissé, un « désert ». Il parait donc évident à la lumière de cette précision que (1) si la Loi avait été donnée en Terre sainte, le peuple d’Israël aurait pu rétorquer aux nations qu’ils n’ont aucune part à celle-ci, que la Torah et le dessein divin ne concernent qu’Israël. Or, il apparait que la Loi fut donnée essentiellement dans un lieu public, à la face du monde, justement dans l’esprit de donner la possibilité aux gouvernements des nations de s’en approcher et d’y adhérer. Cette analyse du mot « désert » témoigne bien du caractère universel de l’événement, et la marque d’un D.ieu commun aux hommes.
Cette invitation à l’adresse des nations sous entend que la Torah même offre à l’homme une liberté individuelle et de conscience absolu. Car au regard de l’analyse, il ne peut être question d’exhortation, d’encouragement ou d’incitation à ce convertir au judaïsme. Bien que cela soit réalisable. Le caractère universel repose sur la certitude que des lois furent ordonnées spécifiquement au peuple d’Israël, et que d’autres furent notifiées aux nations du monde ; ce sont bien évidemment les 7 lois léguées par Noé que l’humanité se doit de respecter. L’analyse complète uniquement l’idée que tout homme qui accomplit ces 7 lois comme ayant été révélées également au mont Sinaï par l’intermédiaire de Moïse, est considéré comme un « Pieu » parmi les nations (2). Il est même comparé au Grand Prêtre. Dans ce cas, il est incontestable qu’il réalise lui aussi la Volonté divine, bien que les injonctions liées au service de D.ieu ne soient pas identiques.
Au regard de l’histoire, bien des Gentils ont plébiscité le caractère universel du judaïsme, souscrit à ce D.ieu unique qui a créé ce monde dans sa diversité, et concilié l’idée d’un D.ieu commun. Bien des hommes, tel Victor Duruy (3) ont compris de toute évidence, que tous les individus sont tous égaux dans la foi face à leurs obligations devant l’Eternel : « Vous circoncirez votre cœur et vous n’endurcirez plus votre tête, car l’Eternel est le D.ieu grand, fort et redoutable qui ne fait acceptation de personne, et qui ne reçoit point de don corrupteur, qui fait droit à l’hôte, à l’orphelin et à la veuve, qui aime l’étranger, qui le vêt et le nourrit. Ces derniers mots montrent que le D.ieu des Juifs n’était pas seulement, comme on l’a prétendu, même aux yeux des Hébreux, un D.ieu national, une Divinité locale, l’Eternel est dans les cieux et sur la terre, hors de lui il n’y a rien. Il est juge de toute créature, le D.ieu de tout esprit et de toute chair. C’est parce que l’idolâtrie s’est répandue sur la terre, qu’il s’est choisi un peuple à part, dont la mission sera de conserver son culte et son nom jusqu’au jour ou toutes les nations reviendront à son Temple. Moïse proclame clairement cette mission ; Vous êtes, dit-il aux Hébreux, un peuple saint, un royaume de prêtres, observez ses commandements, ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des nations, qui, entendant ces lois dirons de vous ; cette grande nation est véritablement un peuple intelligent et sage ». Les Juifs étaient pour l’humanité tout entière comme la caste sacerdotale du culte de l’Eternel, le D.ieu universel, qu’elle devait révéler au monde quand les temps en seraient venus, et auquel, en attendant ce grand jour, elle appelait tous ceux qui venaient au milieu d’elle. Les Hébreux, en effet accueillaient l’étranger qui voulait vivre sous leur loi, et ce droit de cité dont les républiques anciennes étaient si avares, ils le donnaient à qui croyait comme eux… ».
Duruy ne fut pas le seul au cours de l’histoire à avoir contemplé et évoqué avec justesse l’authenticité du message biblique, malgré ces paradoxes, et les préjugés de son époque à l’égard des Juifs. Ce qu’écrit Duruy démontre qu’il est accessible à chacun d’assimiler l’idée d’un D.ieu commun à l’Humanité, de vivre dans un monde pacifié et unifié dans une même foi. Car au fond, servir D.ieu conformément à la Torah, ou respecter les 7 lois pour un Gentil, sont de nature identique. Il faut se rendre à l’évidence que le message divin dans sa totalité est valable pour tous les hommes et les peuples. Notamment, quand il s’agit des temps messianiques, de la venue du Messie et du Monde futur, au sujet duquel il est dit que « cohabiteront l’agneau et le loup ».
Le Messie porte dans les sources écrites le nom de Machiah - littéralement celui qui est « Oint », le « Roi Oint », dans sa version latine le Messie. La prophétie reviendra en Israël en tant qu’étape préparatoire à sa venue. Il est celui qui annoncera à l’humanité - aux Juifs comme aux non juifs – que le monde actuel dans sa dimension d’exil est bien fini, et proclamera la royauté de D.ieu sur terre. Le Messie ne pourra être reconnu en tant que tel qu’après avoir accompli les taches qui lui incombent. Il aura pour mission d’organiser le retour de toutes les tribus exilées d’Israël, de susciter le repentir chez tous les Juifs, d’établir la paix entre les peuples, de construire le troisième Temple de Jérusalem, etc. Il doit obligatoirement descendre de la lignée du roi David, issu de la tribu de Judah. Il devra être reconnu à Jérusalem par le Grand Sanhédrine et un Prophète ; celui-ci est selon la tradition le prophète Eliyahou. Il sera chargé d’identifier et de désigner le Machiah. A ce moment nul ne pourra s'opposer à sa volonté.
Ce sera au moment choisi par D.ieu, lors de la délivrance complète et définitive, que ce Roi et Maitre passera du statut de Messie potentiel à celui de Messie certifié. Il règnera alors sur une humanité ressuscitée, éclairée et réunie, définitivement affranchie de ses limites et de son exil intérieur, introduisant une ère nouvelle. Le Monde Futur sera un monde transformé où n’existe plus ni la mort, ni la jalousie, ni la maladie, ni la guerre, un monde dans lequel, d’un idiome épuré, tous les hommes invoqueront le nom de D.ieu, le D.ieu de tous les hommes.
De nos jours avec l’aide de D.ieu.
Meyer Tangi
(1) Mékhilta section Jétro.
(2) Lire article : Qui est appelé Pieu parmi les Nations.
(3) Victor Duruy, Ministre de l’Instruction en France 1863 / 1869
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